Ergothérapeutes, des spécialistes de l’adaptation de l’environnement pour l’autonomie

Additions récentes et précieuses aux équipes pluridisciplinaires du SESSAD Sco/Pro et du SIAAM, les ergothérapeutes apportent une expertise nouvelle en évaluant puis accompagnant les jeunes vers une plus grande autonomie au quotidien.

« Les ergothérapeutes sont polyvalents. On se spécialise là où on travaille ! », estime Peggy de Sousa, ergothérapeute à mi-temps au SIAAM et au CAMSP de Bourg. Partout où ils sont présents, ces professionnels œuvrent pour favoriser l’autonomie dans les activités quotidiennes, le travail ou les études et les loisirs. « L’équilibre dans ces trois champs est essentiel à la qualité de vie », souligne Céline Perrin qui officie au SESSAD Sco/Pro.
« Je regarde tout ce qui est en lien avec la maladresse gestuelle ou le manque de coordination qui impactent le quotidien, la scolarité ou la vie professionnelle. » L’intervention n’est pas systématique, mais survient après la sollicitation de l’équipe pluridisciplinaire. Cette dynamique où chacun apporte son expertise est favorisée par des temps d’échanges hebdomadaires associant toute l’équipe (orthophoniste, neuropsychologue, psychologue, éducateur et coordinateurs de parcours). Tous participent à l’analyse de la pratique et sont impliqués dans les projets personnalisés.

 

Évaluer puis accompagner

Bien travailler l’autonomie impose de démarrer par un examen des besoins de l’enfant dans toutes les facettes de sa vie. « Je fais une évaluation globale pour voir où il se situe avant de passer aux bilans spécifiques », résume Céline Perrin. « J’évalue la déficience visuelle, l’autonomie, la motricité fine, les capacités cognitives, la coordination, la fatigue, la concentration, l’impulsivité… », détaille Peggy de Sousa. Des tests précis, adaptés au profil de l’enfant, sont proposés sur la vitesse de lecture, d’écriture, la coordination… Ces temps se déroulent au service, à l’école ou sur le lieu de vie. Ils donnent lieu à des échanges avec les autres professionnels, le jeune et ses parents sur la situation, les possibilités d’accompagnement et les envies.
S’il correspond aux objectifs du projet personnalisé, un suivi régulier débute. Céline Perrin intervient généralement une fois par semaine. « Le plus gros travail porte sur les aménagements scolaires. Je vois comment faciliter l’écriture par une rééducation, accélérer sa vitesse, trouver des outils comme des textes à trou, des polycopiés. Il faut éviter que l’enfant épuise son attention sur le geste graphique, ce qui risque de le démotiver. »
L’ergothérapeute déploie aussi du matériel adapté. Peggy de Sousa organise des essais sur plusieurs cours, en lien avec une enseignante spécialisée. Au besoin, un suivi plus régulier se met en place. « L’apprentissage varie selon les capacités du jeune et son environnement. Certains sont accompagnés chaque semaine. Je travaille la motricité fine, l’autonomie, fais le lien avec l’école. » La durée de l’intervention dépendra des objectifs fixés dans le projet personnalisé.
Toutes les deux voient dans la scolarité un champ prioritaire. « Elle cristallise le plus de difficultés. Il faut être rapide, précis, concentré autour d’apprentissages nouveaux », relève Céline Perrin. Toutefois, les autres versants de la vie quotidienne ne sont pas oubliés. « L’autonomie, surtout des collégiens, doit être travaillée, même si ce ne sont pas les demandes les plus fréquentes », pense Peggy de Sousa qui a récemment travaillé la cuisine avec une adolescente.

 

Un travail d’équipe

Tout au long de l’intervention, les ergothérapeutes sont en lien avec l’environnement du jeune. « Je m’appuie beaucoup sur les parents et les enseignants. J’apporte un soutien à l’équipe scolaire. À chaque séance, on réfléchit ensemble, on échange pour trouver des idées. La rencontre entre l’Éducation nationale et le paramédical est très riche. Elle devrait être renforcée », insiste Peggy de Sousa. « Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir travailler au cœur de l’école, de la maison, de prendre le temps de la coordination. Ce serait impossible en libéral », ajoute Céline Perrin. « Il faut impliquer tout le monde, voir où sont les difficultés. Rééduquer un enfant seul n’a pas de sens. Sans les aidants, ça ne marcherait pas ! »


Après avoir travaillé auprès d’adultes en centre de rééducation fonctionnelle et en hôpital de jour, Céline Perrin souhaitait quitter le sanitaire. Elle a rejoint le CAMSP de Nantua puis le SESSAD en mai quand un poste d’ergothérapeute est créé. « J’ai toujours travaillé avec des personnes handicapées, mais aux profils différents. Je ne connaissais pas le travail avec les enfants. En formation, on aborde tous les champs, puis on se spécialise. Avant de venir, j’ai remis à jour mes connaissances ! »

La déficience visuelle est le fil rouge de la carrière de Peggy de Sousa. « C’est un domaine spécifique qui nécessite une formation particulière pour le saisir et comprendre les stratégies de compensation. » Après un mémoire sur le sujet et un premier emploi à Nîmes, elle rejoint une structure d’intervention à domicile. Elle développe un service pour déficients visuels dans cette association qui accompagne un public en situation de handicap moteur. Un passage en structures travaillant avec des enfants en situation de handicap moteur ou souffrant de troubles des apprentissages lui ouvre de nouveaux horizons. En 2020, elle entre au SIAAM à mi-temps, en parallèle d’un poste au CAMPS de Bourg.

 

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